Beyond the Bar (JTBC) : Un drama juridique coréen prometteur – Première analyse

Le monde impitoyable du droit coréen s'invite sur nos écrans avec le premier épisode de Beyond the Bar, la nouvelle série juridique de JTBC qui promet un mélange savoureux d'ambition, de rivalités professionnelles et de défis humains. Entre les couloirs feutrés des grands cabinets d'avocats et les salles d'audience électriques, une jeune stagiaire va devoir apprendre à naviguer dans un environnement où le talent ne suffit pas toujours.

Dès les premières minutes, le ton est donné : Kang Hyo-min (interprétée par Jung Chae-yeon), fraîchement diplômée et lauréate des concours de plaidoirie nationaux, rate son entretien d'embauche au prestigieux cabinet Yullim à cause... d'un retard de métro. Une scène qui rappellera à beaucoup les galères des premiers emplois, mais avec une touche dramatique bien coréenne. Face à elle, Yoon Seok-hoon (Lee Jin-wook), le redoutable responsable du contentieux, incarne immédiatement l'archétype du patron intraitable - un classique des dramas qui fonctionne toujours.

Ce qui frappe dans cette mise en place, c'est justement comment le scénario parvient à jouer avec les codes sans tomber dans la caricature. Hyo-min n'est pas simplement une stagiaire maladroite : son retour triomphal dans la salle d'entretien après avoir été humiliée montre une détermination qui annonce des conflits passionnants à venir.

L'opposition entre la fougue juvénile de Hyo-min et le cynisme professionnel de Seok-hoon structure habilement cet épisode pilote. Lorsque la jeune avocate choisit délibérément l'équipe du contentieux - la section la plus exigeante - contre l'avis de tous, on devine déjà les étincelles qui ne manqueront pas de jaillir. La scène de son "marche lente" vers la table vide du contentieux, filmée comme une séquence de film d'action, est un moment particulièrement réussi.

L'épisode explore aussi avec finesse les réalités du monde juridique coréen, où la réputation des universités (la mention de SNU, l'équivalent local de Sciences Po) et les réseaux familiaux jouent un rôle crucial. Un détail qui résonnera particulièrement avec les spectateurs français habitués à l'importance des grandes écoles.

Ce qui surprend agréablement dans ce premier épisode, c'est la nuance apportée aux personnages. Seok-hoon pourrait facilement être un patron tyrannique unidimensionnel, mais ses principes rigides cachent une éthique professionnelle admirable. De même, Hyo-min n'est pas simplement une "Mary Sue" trop parfaite : son absence prolongée pour enquêter sur une affaire montre à la fois son dévouement et son manque encore flagrant de professionnalisme.

La sous-intrigue romantique avec le petit ami opportuniste de Hyo-min (qui avoue sans complexe l'épouser pour "transmettre de bons gènes") ajoute une dimension sociale intéressante, évoquant les pressions du mariage dans l'élite coréenne. Quant à la révélation finale sur la vie solitaire de Seok-hoon et son chagrin d'amour fantomatique, elle promet des développements psychologiques profonds.

Contrairement à beaucoup de dramas juridiques qui optent pour un rythme effréné ou des intrigues ultra-complexes, Beyond the Bar choisit une approche plus réaliste et mesurée. Les dialogues sont ciselés, les personnages ont une épaisseur immédiate, et les enjeux professionnels sont présentés avec une clarté remarquable.

Le seul point d'interrogation concerne la possible romance entre les deux protagonistes - une perspective que l'épisode laisse entrevoir mais qui, espérons-le, ne viendra pas gâcher la dynamique professionnelle si bien établie. Après tout, comme le dit si bien Seok-hoon : "Dans ce métier, être bon ne suffit pas. Il faut être irréprochable." Un mantra que la série elle-même semble avoir adopté.

Entre procès haletants, rivalités de cabinet et parcours initiatique, Beyond the Bar pose les bases d'un drama juridique mature et captivant. À suivre avec attention, crayon légal et code civil en main.