Antique (2008) : La comédie romantique LGBTQ+ coréenne à redécouvrir

Il y a des films qui, comme un gâteau trop longtemps oublié au fond d’un placard, prennent une saveur particulière avec le temps. Antique, cette comédie romantique coréenne sortie en 2008, fait partie de ces pépites qui méritent d’être redécouvertes — même si quelques miettes se sont envolées au fil des ans.
Un pâtissier irrésistible dans un monde qui résisteImaginez : un jeune homme, Min Sun-woo (interprété par Kim Jae-wook, que vous avez peut-être adoré dans Her Private Life), avoue ses sentiments à son camarade de lycée Kim Jin-hyuk (Joo Ji-hoon, l’inoubliable prince de Goong). Réponse ? Un gâteau écrasé en pleine figure et des mots qui font mal. La scène, aussi cruelle que comique, plante le décor d’une relation qui va traverser les années.
Dix ans plus tard, Sun-woo est devenu un pâtissier talentueux mais insaisissable, incapable de se fixer — que ce soit dans un emploi ou dans une relation. Jin-hyuk, lui, ouvre une boulangerie française pour séduire… ses clientes. Leur retrouvailles dans ce petit monde sucré est l’occasion de revisiter leurs blessures, mais aussi de découvrir comment l’un a sublimé sa douleur en art culinaire, tandis que l’autre cache un traumatisme d’enfance derrière ses airs de playboy.
Entre douceur et amertumeLe film oscille constamment entre légèreté et gravité. D’un côté, les scènes de comédie — souvent centrées sur le charme irrésistible de Sun-woo et ses conquêtes masculines — font sourire. De l’autre, les thèmes abordés (homophobie, violence domestique, enlèvement) ajoutent une profondeur inattendue. C’est cette dualité qui rend Antique si particulier, même si elle brouille parfois le ton.
La relation entre Sun-woo et son ex-petit ami français est un véritable petit bijou. Rarement voit-on dans le cinéma coréen une romance homosexuelle aussi décomplexée, encore moins entre un Coréen et un étranger. Leurs scènes, teintées de nostalgie et de désir, sont parmi les plus belles du film — et on regrette presque qu’elles ne soient pas plus développées.
Un gâteau aux saveurs inégalesMalheureusement, Antique pêche par son manque de focus. L’intrigue secondaire autour de l’enlèvement de Jin-hyuk enfant semble plaquée, comme si le réalisateur avait voulu ajouter une couche de mystère à une histoire qui se suffisait à elle-même. Les personnages secondaires, comme l’apprenti boulanger joué par Yoo Ah-in, restent en surface, alors qu’ils auraient pu apporter une touche supplémentaire.
Mais malgré ses défauts, le film vaut le détour ne serait-ce que pour Kim Jae-wook, électrique dans ce rôle de séducteur blessé. Il y a quelque chose de profondément touchant à voir Sun-woo transformer sa douleur en force, en humour, en talent. Chaque regard, chaque sourire en coin raconte une histoire bien plus complexe que les dialogues ne le laissent paraître.
Un classique à redécouvrir ?Alors, faut-il se plonger dans Antique en 2024 ? Oui, mais avec quelques réserves. Certaines blagues ont mal vieilli, et le mélange des genres peut dérouter. Pourtant, il y a dans ce film une sincérité, une audace même, qui le rendent précieux. C’est une capsule temporelle d’une époque où les représentations LGBTQ+ en Corée commençaient timidement à émerger — et pour cela seule, elle mérite d’être vue.
Et puis, avouons-le : entre les gâteaux sublimes, les décors vintage de la pâtisserie et le charisme de Kim Jae-wook, Antique est un régal pour les yeux. Parfois, c’est bien assez.
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