Spring of Youth (2024) : Critique des épisodes 1 & 2 – Une romance musicale entre mémoire et mélancolie

Il y a des rencontres qui ressemblent à des mélodies oubliées, des notes qui résonnent quelque part entre nos rêves et la réalité. C'est exactement l'impression que laisse Spring of Youth, cette nouvelle série qui nous plonge dans l'univers tumultueux d'une idole déchu et d'une compositrice au destin entrelacé. Entre rires et larmes, entre musique et mémoire, ce drama nous offre un premier rendez-vous aussi surprenant qu'émouvant.
Imaginez : un matin, vous vous réveillez star incontestée du K-pop, et le soir même, vous voilà relégué sur les bancs d'une université que vous n'avez jamais fréquentée. C'est le sort réservé à Sa-gye, interprété avec justesse par Ha Yoo-joon, dont la chute spectaculaire ouvre la porte à une histoire bien plus profonde qu'il n'y paraît. Car derrière les sourires éclatants et les chorégraphies parfaites se cachent des souvenirs enfouis, des rêves récurrents qui hantent nos nuits sans que l'on sache pourquoi.
Une rencontre sous la pluieLa scène est presque trop belle pour être vraie : une averse automnale, un banc devant la faculté des arts, et cette mélodie qui semble tout droit sortie d'un passé oublié. C'est ainsi que Sa-gye croise le chemin de Bom (Park Ji-hoo), jeune femme au tempérament doux mais à la détermination sans faille. Entre eux, une connexion immédiate, inexplicable, comme si leurs âmes se reconnaissaient à travers les notes de ce petit carillon que Bom porte en pendentif.
Le drama joue habilement avec les codes du genre : la rencontre fortuite, le coup de foudre, le triangle amoureux incarné par le trop charmant Tae-yang (Lee Seung-hyeop). Mais ce qui pourrait n'être qu'une énième romance universitaire prend une tout autre dimension grâce à ces flashbacks énigmatiques, ces morceaux de puzzle qui s'assemblent lentement. Pourquoi Sa-gye se réveille-t-il chaque nuit à 5h45 pile ? Pourquoi cette musique le fait-elle pleurer sans raison ? Et surtout, quel terrible secret lie son mentor (Jo Han-chul) à cette mystérieuse chanson ?
Musique et mémoireLà où Spring of Youth surprend, c'est dans sa façon de faire de la musique bien plus qu'un simple décor. Les compositions de Bom deviennent le fil rouge de l'intrigue, le pont entre présent et passé. La scène de busking improvisé est particulièrement touchante : sous les regards méprisants des autres étudiants, Bom entonne la chanson de Sa-gye avec une telle sincérité qu'elle parvient à retourner l'opinion publique. Un moment magique qui rappelle à quel point la musique peut transcender les préjugés.
Les duels musicaux entre Sa-gye et Tae-yang apportent également leur lot de frissons. Ces deux-là pourraient être les pires ennemis, mais leur passion commune pour la guitare crée entre eux une tension palpable, faite de rivalité et de respect mutuel. Leurs échanges sont d'ailleurs parmi les plus réussis de ces premiers épisodes, oscillant entre humour potache et émotion brute.
Entre légèreté et mélancolieLe ton du drama peut parfois dérouter. Certaines scènes tombent dans le slapstick le plus caricatural (la chute du PDG filmée en slow motion est à la fois hilarante et gênante), tandis que d'autres nous plongent dans une mélancolie profonde. Ce mélange des genres fonctionne plus ou moins bien, mais force est de reconnaître que la série ne s'embarrasse pas de subtilités. Tout est assumé, jusqu'à l'excès.
Les personnages, pour l'instant, restent assez stéréotypés : l'idole narcissique mais foncièrement gentil, la Candy moderne qui cache sa détresse derrière un sourire, le second lead torturé par un père autoritaire... On espère que les prochains épisodes leur donneront plus de profondeur, car les acteurs méritent mieux que ces archétypes éculés. Park Ji-hoo en particulier rayonne dans son rôle de Bom, apportant une nuance et une vulnérabilité qui manquent parfois au scénario.
Une promesse à tenirMalgré ses défauts, Spring of Youth possède un charme indéniable. Peut-être est-ce cette nostalgie qui flotte dans l'air, ces souvenirs d'enfance qui ressurgissent au détour d'une mélodie. Peut-être est-ce simplement la chimie évidente entre nos deux protagonistes, dont les regards en disent plus long que tous les dialogues du monde.
La révélation finale de ces deux premiers épisodes - Sa-gye appelant Bom par un surnom d'enfance qu'il ne devrait pas connaître - laisse présager des développements bien plus sombres que la légèreté affichée ne le laisse supposer. Car derrière les rires et les chansons se cache un drame bien réel, un accident de voiture dont les échos continuent de hanter nos personnages.
Alors oui, Spring of Youth peut parfois sembler superficiel, trop pressé d'enchaîner les gags et les scènes clichés. Mais il y a dans cette série une sincérité, une envie de parler de musique comme langage universel, de mémoire comme fil rouge invisible entre les âmes. Et pour cela, elle mérite qu'on lui donne sa chance. Après tout, le printemps de la jeunesse n'est-il pas fait de ces moments à la fois légers et intenses, où chaque note résonne comme un battement de cœur ?
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